Peut-on allonger ou élargir le pénis ?

Publié le par Dr Michel Schouman

On pourrait aussi se poser la question autrement : faut-il allonger ou élargir le pénis ?

En fait, c’est une demande qui a été à la mode pendant quelques années, les techniques existent, elles donnent des résultats qui ne sont parfois pas mauvais, mais il faut vraiment se poser la question de savoir si cela a un intérêt réel.

Un certain nombre de patients ont vraiment une petite verge, une verge qui est petite par rapport à la moyenne nationale. Il faut quand même savoir que des études ont été faites sur la longueur du pénis en érection et que la moyenne nationale (quand je dis nationale, c’est la moyenne européenne, américaine, etc.) semble se situer entre 12 et 14cm en érection, autrement dit les gens qui font 15 ou 16cm en érection doivent s’estimer heureux et pour ceux  qui mesurent moins de 12cm, c’est vrai qu’il est peut-être un peu plus difficile d’avoir une vie sexuelle épanouie. Il y a des solutions. Mais la demande n’est pas celle-là.

La plupart du temps, c’est ce que l’on appelle le « syndrome des vestiaires ».
Ce sont des patients qui viennent nous voir en disant : « moi, c’est au repos que cela m’ennuie, je n’ose pas me changer quand je fais du sport, je ne vais pas à la piscine parce qu’il faut maintenant mettre des maillots moulants et j’ai l’impression d’avoir un slip vide et vis-à-vis des autres hommes qui sont là, je me sens ridicule ».
Alors ce complexe des vestiaires, on peut, peut-être, le traiter autrement.
On peut l’aborder par la psychothérapie, parce que malgré tout l’objectif n’est quand même pas dans la vie d’avoir une verge qui soit grosse au repos, à la rigueur en érection on pourrait comprendre ; encore que cela puisse se discuter
Au repos, finalement, c’est un peu comme une voiture : Elle vous transporte d’un lieu à un autre ; ensuite on peut avoir une petite voiture ou une voiture de luxe, mais cela reste toujours une voiture.
Une verge cela sert à uriner et à avoir une activité sexuelle. Quand on peut faire les deux, on peut s’estimer heureux. Après, il y a donc ce « complexe des vestiaires » qui, par la psychothérapie, peut parfois être résolu. Les hommes peuvent apprendre à accepter leur corps, tel qu’il est.
Il ne faut pas confondre avec ce que l’on appelle le micro-pénis, qui est une anomalie rare. Le pénis mesure moins de 7 cm en érection, environ 3 cm au repos. Il s’agit d’une malformation qui est parfois évitable par un traitement hormonal avant la puberté. Chez l’adulte, il n’y a que des solutions chirurgicales.
 Dans d’autres cas, les hommes  demandent à pouvoir mieux remplir le vagin de leur partenaire.
C’est un désir qui est illusoire. Réfléchissons cinq minutes : Le vagin d’une femme laisse  passer lors de l’accouchement un bébé de 50cm et 3,5kgs en moyenne.
Est-ce que vous imaginez que l’on peut faire une verge de 50cm et 3,5kgs : Evidemment pas. Evidemment ce n’est pas la verge qui peut remplir le vagin de la femme, c’est le vagin de la femme qui, entouré de ses muscles, peut se contracter autour de la verge. Le vagin est un organe adaptable et un organe qui a une musculature. D’ailleurs quand on rééduque  certaines femmes pour des problèmes d’incontinence urinaire, elles nous disent non seulement « je n’ai plus de fuites urinaires, mais en plus je sens mieux mon partenaire quand j’ai des rapports sexuels et du coup notre activité sexuelle est meilleure et notre couple va mieux ».

Donc voilà exposées la possibilité de réaliser ces interventions et la nécessité d’en faire le moins possible.

En revanche, si on veut se faire opérer, il faut le faire avec des chirurgiens qui ont une grande habitude de le faire et ils ne sont pas nombreux.

Il y a en gros deux interventions que l’on peut faire, l’une qui consiste à allonger la verge en sectionnant le ligament suspenseur, c’est-à-dire le ligament qui accroche la verge sous l’os pubien et à utiliser la peau pour abaisser un petit peu. Cette intervention donne une augmentation de longueur au repos, mais pratiquement pas en érection et cela il faut bien le dire au patient avant l’intervention pour qu’il ne soit pas déçu.




L’autre intervention que l’on peut faire est sur l’épaisseur de la verge.
Et sur l’épaisseur de la verge, on peut le faire en injectant de la graisse que l’on a prélevée sur le patient et que l’on a traitée pendant l’intervention : on l’a filtrée, on l’a centrifugée, on a éliminé les impuretés et on l’injecte entre la peau de la verge et les corps érectiles. On obtient un volume supplémentaire qui, évidemment ne durcira pas en érection, mais qui sera un volume visible, un volume palpable.
Malheureusement, cette graisse a tendance à se résorber et à se résorber parfois de façon disharmonieuse, c’est l’inconvénient.
L’avantage, c’est que c’est un geste qui est très bénin et que l’on peut éventuellement répéter, c’est-à-dire que l’on peut réinjecter pour « mettre une deuxième couche » en quelque sorte qui permettra d’obtenir un résultat esthétique satisfaisant.
Et puis si, au bout de deux ou trois fois, la graisse ne tient vraiment pas, et ça, malheureusement c’est imprévisible, il vaut mieux ne pas insister et arrêter ces techniques. Mais quand on a une graisse qui tient bien, une belle couche graisseuse qui s’est formée autour des corps caverneux, on peut avoir un résultat harmonieux qui satisfait le patient.

Donc ce qui est important, je crois, dans cette chirurgie, c’est d’avoir un praticien qui est très habitué à ce type de chirurgie, que ce praticien dise la vérité au patient sur le résultat qu’il peut espérer, l’avertisse des difficultés éventuelles que l’on peut rencontrer, sur les impossibilités, sur les limites de cette chirurgie, sur les complications éventuelles et que les patients puissent y aller en toute confiance, sans zones d’ombre, sans face cachée et dans ces conditions là, on peut espérer de bons résultats.

Je crois qu’il est important aussi, qu’avant toute décision opératoire, le patient puisse voir au moins un psychologue, une psychothérapeute, parfois un psychiatre, si on a un doute sur une pathologie psychiatrique réelle sous jacente  pour éviter des déconvenues à la fois pour le patient et pour le praticien.
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